Description
Pendant trente ans, Betty Goodwin a été un membre important de la communauté artistique de Montréal. Elle a utilisé le dessin, la sculpture et la gravure pour représenter la fragilité de la vie dans un monde complexe et incertain. Attirée par la matérialité des objets et des lieux qu’elle trouvait, Goodwin rendait visible leur histoire et leurs caractéristiques innées. Les thèmes de la perte, du deuil, du passage et de la difficulté de communiquer imprègnent son œuvre. Son art a évolué par séries et montre une grande affinité avec celui de Joseph Beuys et de Bruce Nauman, deux artistes que Goodwin admirait énormément. L’œuvre de Goodwin est en même temps très personnelle, sociale et politique et fait apparaître le malaise de notre époque.
En grande partie autodidacte, Goodwin commence à peindre à la fin des années 1940. Dans les années 1950 et 1960, elle peint des natures mortes et représente des scènes de la vie du quartier juif à l’est de Montréal.
En 1968, cherchant à établir un lien significatif entre son art et elle-même, elle suit les cours de gravure d’Yves Gaucher à la Sir George Williams University (Université Concordia). Elle étudie minutieusement les objets et les déchets trouvés dans la rue ainsi que les articles vestimentaires, vestes, gants, chemises, paquets, chapeaux, qui sont les emblèmes des traces de vie et des absences. Grâce à sa technique de gravure novatrice, chaque pièce de la série est unique, elle attire l’attention internationale sur elle.
De 1972 à 1974, Goodwin travaille sur la série Bâche, constituée de pièces murales. Elle retravaille les surfaces de ces couvertures trouvées, ajoutant une couche de gesso et de peinture; elle les rapièce, les coud et les marque, puis elle les façonne sous forme de collages et de sculptures.
Bien qu’elle ait exploré différents moyens d’expression, Goodwin est continuellement revenue au dessin. À partir de 1982, et pendant six ans, utilisant la mine de plomb, le fusain et les pastels à l’huile sur du papier vélin ou du Mylar translucide, Goodwin continue son exploration approfondie de la forme humaine en créant une série d’œuvres de grande échelle intitulée Nageur. Se repenchant sur ces images obsédantes de corps solitaires suspendus dans l’espace, semblant flotter ou couler, Goodwin évoque leur ambiguïté en ces termes : « Dans la série Nageur, la natation a toujours un double sens. Comment pourrions-nous exister sans eau « L’eau est notre vie, mais elle peut également nous emporter. »
En 1977, Goodwin commence à explorer le thème du passage. Reconstruisant des salles et des couloirs à l’aide de divers matériaux, elle met à jour les traces de vie dans des installations comme Rue Mentana (1979), où elle force le spectateur à prendre conscience de son propre corps. De 1988 à 1989, Goodwin se concentre sur la série Steel Notes. Ces assemblages muraux, composés de limaille de fer et d’autres objets métalliques retenus par un aimant sur une plaque d’acier, évoquent les plaques commémoratives avec leurs inscriptions. Dans la série La mémoire du corps (1990-1995), Goodwin représente des agrandissements photographiques d’os, de lits, de baignoires et de nerfs. L’ambiance dominante de la série est sombre et remplie d’un sentiment profond de perte. La série Nerve, représentant des corps attachés et reliés à la terre par de très longues racines, marque la continuité de l’intérêt de Goodwin pour le passage de la vie à la mort.
Betty Goodwin a remporté plusieurs récompenses : le Prix Paul-Émile Borduas (1986); le prix Gershon Iskowitz (1995); le prix Harold Town (1998); et le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques. Elle a également été décorée de l’Ordre du Canada (2003).
Source: https://www.beaux-arts.ca/collection/artiste/betty-goodwin